Les "cartons rouges" au tourisme Le réseau Campagnes d'action
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Les "cartons rouges" au tourisme



 
  Campagne de soutien au film « Une semaine à Parajuru »
 
un film
de José Huerta


Fiche technique du film :

Durée : 52 mn
Réalisation : José Huerta (inscrit à la Scam)
Productions : Jour J. Productions (Gérard Jumel) Coproduction :
Images Plus avec la participation de RFO et du centre nationale de la cinématographie.
Diffusion :
France Ô : avril 2009
Images Plus : avril 2009
Diffusion au Brésil :
Festival de cinéma du Mercosul en juin 2009 et festival de Rio en septembre 2009.

Le film est visible sur Internet à cette adresse :
http://www.dailymotion.com/video/xahtju_une-semaine-%C3%A0-parajuru_travel

Sinopsis :

Parajuru est un village de pêcheurs situé sur la côte Nord-est du Brésil. Depuis trois ans, une Autrichienne fortunée, Giselle , y investit pour le développement du tourisme. Achat de terrains, construction de maisons, hôtel de luxe... Gisi, comme on la nomme là-bas, occupe donc le terrain économique mais également le terrain social.
Elle a construit une école pour les enfants du village, elle organise des cours d’allemand et d’anglais. Certains jeunes effectuent même des stages en Autriche ; et des mariages mixtes commencent à se former.
Parajuru vit donc de plus en plus à l’heure de l’Autriche et une partie de la population du village s’interroge sur les intentions de cette femme qui achète tout, sans jamais communiquer avec ses habitants.

Chico Mariano , le président des pêcheurs, a un point de vue sur la question. S’il n’a rien contre les projets de Gisi, il sait que le développement d’un tourisme non maîtrisé peut détruire peu à peu la cohésion du village. Il sait également que la réserve naturelle, toute proche du village, attise la convoitise de Gisi et d’autres spéculateurs.
Il s’est donné une mission : celle de défendre les intérêts de la communauté.
Ce film dresse un portrait de ce village en pleine mutation, tiraillé entre le désir d’un développement économique et la préservation d’un mode de vie.

Note d’intention ( extraite du dossier de production)

Au départ, rien d’original. Un endroit paradisiaque sous les tropiques, une grande plage sauvage avec, d’un côté, des habitants vivants de manière traditionnels de la pêche ou de l'artisanat, et de l’autre un promoteur immobilier, Giselle, œuvrant pour le développement du tourisme.
Un projet dont les conséquences pour le village de Parajuru se font déjà sentir. Les prix de la terre augmentent considérablement, de plus en plus d’étrangers s’installent dans des villas, surtout des Autrichiens.
Par conséquent, l’activité économique a augmenté à Parajuru, mais une partie de la population s’inquiète des conséquences à long terme. Leurs craintes sont confortées par d’autres exemples, dans la région. Le premier est Canoa Quebrada, ancien village de pêcheurs traditionnels, devenu en quelques années un lieu à la mode. Des hôtels ont été construits en nombre, faisant monter les prix de l’immobilier et repoussant les habitants à l’écart. La prostitution s’est développée au même rythme. Et les Jangadeiros, pêcheurs traditionnels, promènent désormais les touristes.

Officiellement, Gisi en est consciente. C’est pour cette raison qu’elle met en avant et ne communique que sur les activités sociales qu’elle a mis en place.
Pourtant, là aussi, des interrogations demeures. Quel est le but réel de cette école où l’on apprend surtout les langues (allemand et anglais) dès l’age de 3 ans ?

Une formation d’hôtellerie a été mise en place au sein de l’hôtel que Gisi a racheté. Les élèves de première année ne sont pas payés (la deuxième année, 90 € par mois), pourtant ils effectuent toutes les tâches dans l’hôtel qui fonctionne grâce à cette main d’œuvre très bon marché. Depuis le début, beaucoup ont quitté les cours n’acceptant pas ces conditions.

Gisi n'est pas un personnage facile à approcher et encore moins à questionner. Ses intentions restent inconnues et notre but sera d'en savoir plus sur ses projets. Ses intentions sont-elles purement mercantiles où a-t-elle réellement des intentions plus larges. Est-elle complètement inconsciente ou sait-elle ce qu'elle est en train de faire ?
Elle est fermée à toute communication, prend les décisions seule mais, c'est un fait, rachète toutes les terres et devient peu à peu le seul opérateur économique à Parajuru. Elle ne parle pas portugais et finit par imposer aux habitants la langue allemande s’ils veulent trouver du travail dans le tourisme.

Parajuru est en train de passer dans un autre monde. Le but du film sera d’assister à cette transformation. Nous suivrons les étapes successives de ce phénomène d'intrusion à travers les projets immobiliers, les chantiers. Et nous verrons également comment, insidieusement, d’autres techniques d’intégrations sont orchestrées, à travers le mécénat social ou des concepts à la mode, comme le développement durable.

Grâce aux différents visages de Parajuru, le film proposera une réflexion sur la mondialisation, en marche, inéluctable. Et sur ce tourisme qui, lorsque la parole de la population est confisquée, prend le visage de la colonisation, sous une nouvelle forme.

Récit du film et des procès :

L’idée du film a surgi en 2007 après un séjour d’un mois dans cette petite communauté de Parajuru. Ma relation avec ce village remonte à 1996 lors du mariage d’une amie Brésilienne, très proche, qui à pratiquement grandi là-bas, ses parents y possédant une maison de vacances. J’étais témoin à ce mariage et, depuis cette date, je m’y rends régulièrement. Plus de 10 ans après cette rencontre avec le village, mon amie me suggère d’acheter une petite maison mitoyenne à la sienne.
À l’époque, le président de l’association des habitants m’alerte sur la présence « des Autrichiens » qui rachètent tous les terrains et qui voudraient s’accaparer une réserve naturelle administrée par l’association des habitants pour y pratiquer du kite surf. Un an plus tard, en août, le tournage se déroule sans problème. Je circule et interroge de nombreuses personnes sur ce qui se passe dans le village. Les investisseurs autrichiens ouvrent les portes et répondent à mes questions sans difficulté.
Lors du tournage je m’étais engagé à organiser une projection dans le village de Parajuru. Ce qui fut fait, en avril 2009, en présence des villageois venus en nombre, de quelques touristes, de l’élite locale ainsi que des représentants des investisseurs autrichiens.
Suite à cette projection, la réaction des investisseurs à été de porter plainte au commissariat. Une plainte jugée irrecevable par le commissaire pour absence de motif. Désireux de ne pas en rester là, un notaire est mandaté par l’association Gisi Wisniewski pour me transmettre une notification m’interdisant de diffuser le film, tout en reconnaissant avoir donné toutes les autorisations de tournage. C’est donc le fond du film qui leur pose problème.

Trois mois plus tard, en juillet 2009, j’apprends par un ami que 8 procès sont intentés contre moi, dont un pour « crime ».
De retour à Parajuru en janvier 2010, je reçois les notifications de ces 8 procès.
Je prends alors un avocat, le procès pour crime étant fixé au 14 mai.
Les faits qui me sont reprochés portent essentiellement sur des propos diffamatoires qui seraient tenu dans le film. Notamment les termes « exploitation du travail esclave » qui ne figure pourtant pas dans le film. Selon eux, j’aurais tenu ces propos lors d’une interview donnée au cours du festival Mercosul à Florianopolis.
Ces termes sont effectivement reproduits dans un article publié sur le site du festival, mais je ne les ai jamais tenus. Malheureusement, l’interview n’a pas été enregistrée, mais un ami brésilien était présent est compte témoigner au procès pour confirmer ma version. Le journaliste va également produire un document attestant ce fait.
Les procès sont intentés par plusieurs personnes présente dans le film et lié au projet (Fred, le responsable économique du projet, Isaura, épouse de Fred et responsable de l’école et certains élèves qui travaillent à l’hôtel), et également par L’association philanthropique Gisele Wisniewski.
Pour exemple, le jardinier de l’hôtel, qui n’apparaît que quelques secondes à l’image, sans s’exprimer, demande des dommages est intérêt de 2000 euros environ. Au total, les dommages et intérêt réclamés sont de 60 000 euros environ. Pour ma part les frais d’avocat, pour l’ensemble des procès, sont de 6000 euros.

D’après les avocats qui suivent le dossier, il n’y a pas à s’inquiéter sur le fond. Il s’agit bel est bien d’une pression exercée pour empêcher à tout prix la diffusion du film. Néanmoins il se peut qu’il y ait connivence entre la justice locale et les investisseurs autrichiens. En effet, tout cela se déroule au Brésil, et plus spécifiquement au Nordeste, ou la corruption est encore très présente. C’est pour cette raison qu’une campagne en France et au Brésil est organisée pour que la presse locale s’en empare, afin d’éviter toute corruption du juge.

Situation aujourd’hui à Parajuru :

La réserve naturelle est toujours administrée par les habitants de Parajuru.
Suite à une plainte de l’association des habitants, l’école de kite-surf à été déclarée illégale par les autorités, des contraventions de 15000 réais ont était émises, et la démolition du bâtiment a été demandée, ainsi que des indemnité pour préjudice environnementale. Le dossier est instruit par le ministère public brésilien.

Parallèlement à cela, en septembre 2009, un scandale de détournement d’argent public a éclaté au grand jour en Autriche, impliquant l’un des investisseur à Parajuru : Peter Hochegger, proche de Gisi. Il aurait détourné 1,9 million d’euros dans une affaire de vente d’appartement appartenant à l’état autrichien. L’ancien ministre des finances est également impliqué.
Dans un journal autrichien, il est affirmé que 1,6 million de cet argent aurait été investi à Parajuru (Construction d’une immense villa, achat de terres (80 ha) et contrôle de 25% du capital de l’entreprise qui gère les affaires à Parajuru).

Chose étonnante, ces événements ne sont toujours pas relayés par la presse locale alors que l’association des habitants essaye régulièrement de les alerter.

Point sur la campagne en France :

Dans les prochains jours, nous allons mettre en ligne un site Internet expliquant la situation. L’objectif est de dénoncer l’atteinte à la liberté d’expression, les procès, mais également d’apporter un soutien au combat engagé par l’association des habitants de Parajuru pour la sauvegarde de leur culture et de l’environnement. Le site de leur association va être mis en ligne dans les jours qui viennent.

Soutiens :

Association Autres Brésil : Organise un festival du film social brésilien en juin 2010
La fédération Artisans du Monde : Réseau de boutiques de commerce équitable
avec qui je collabore régulièrement.
RITIMO.

D’autres contacts sont en cours :
Reporters Sans Frontières
SCAM
Association ADDOC
Les associations de défense des droits de l’homme.
CRID : Regroupement d’ONG de solidarité internationale, qui édite la revue Altermonde.
Réseau Archimède : association de tourisme solidaire
La revue écotourisme solidaire
Coalition internationale pour le tourisme responsable.

Des projections débat vont êtres organisés jusque fin juin.