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Cambodge
Yeak Laom Lake

Cet article constitue plutôt un cas intéressant de tourisme communautaire qu'un lieu EchoWay, car l'aspect touristique est « limité » à un superbe lac volcanique et une belle cascade.Ce sont deux des principaux attraits de la région, et presque tous les voyageurs les visitent. Mais la plupart du temps sans savoir l'histoire et le fond de ces projets…

Historique

Le lac Yeak Laom est un bijou : un lac quasi parfaitement circulaire de près d'un km de diamètre, profond de 45m environ et à l'eau limpide, le tout entouré d'une jungle luxuriante. Ce qui est le plus surprenant c'est que la région est plutôt sèche et poussiéreuse, augmentant encore l'effet produit par la vision lac et le plaisir du bain.

Pendant très longtemps il a été vénéré comme un dieu par les communautés environnantes. Pendant la guerre civile il a eu différentes utilités, a connu quelques déboires mais s'en est sorti indemne, au sortir de la guerre il a été offert au roi Sihanouk. Celui-ci, fortement attiré par l'exubérance de l'occident, avait pour projet d'en faire un complexe hôtelier de luxe avec casino, discothèque… Outre la destruction de l'espace naturel, cela aurait été une violation de plus des droits des communautés, qui puisent dans le lac et la forêt qui l'entoure des ressources indispensables à leur survie (poisson, bambou, bois, champignons…) sans parler de l'aspect spirituel encore très présent.

Quelques cambodgiens, bientôt rejoints par des occidentaux et des ONG, se sont insurgés contre ce projet, pour obtenir finalement gain de cause. C'est l'une des rares victoires des communautés rurales face à l'état au Cambodge.

La construction du projet touristique communautaire

Yeak Laom Lake a été le tout premier projet de tourisme communautaire au Cambodge, l'idée étant de permettre aux communautés de tirer quelques profits du lac grâce au tourisme. Un droit d'entrée (1 $ pour les étrangers, une cotisation symbolique pour les locaux), la location de bouées et gilets de sauvetage ainsi que des visites guidées devaient permettre de financer l'entretien du lac et de ses berges, la formation de guides parlant anglais, la construction d'un petit musée…

Cela a pris beaucoup de temps, car les communautés concernées font partie des « minorités ethniques », paysans pauvres depuis des générations, à l'écart de la vie politique et ne parlant pas le khmer, la langue nationale. Apprendre la comptabilité, la notion de service, et même le principe du tourisme n'a pas été facile, et la formation de guides parlant anglais a pris de longues années.

Lorsque pour la première fois la barrière a été installée à l'entrée, les problèmes n'étaient pas résolus : de nombreux cambodgiens étaient mécontents, et des militaires soûls ont même cassé la barrière à plusieurs reprises avec leur jeep … La gestion des déchets est également un gros problème, la conscience écologique n'étant pas très ancrée an Cambodge, la plupart des familles venant pique-niquer jetaient ensuite leurs déchets dans le lac ou laissaient tout sur place.

Le lac aujourd'hui

Aujourd'hui le lac est bien géré et nettoyé par la communauté, les touristes sont nombreux et apprécient cet espace naturel préservé. La conscience écologique est en progrès et tout le monde accepte de payer son droit d'entrée. Les communautés, outre l'emploi, en tirent des ressources naturelles et quelques revenus qui ont permis notamment la construction d'une salle commune dans les trois villages concernés.

Mais de nouveaux problèmes ont surgi, voilant une fois encore l'horizon de Yeak Laom Lake.

Les guides formés en anglais pour les visites ont tous abandonné le projet et trouvé du travail mieux rémunéré avec des ONG ou des entreprises étrangères. Aujourd'hui leurs petits frères, ou des étudiants avec un peu d'anglais font office de guides, mais la prestation a perdu de sa valeur…

Un point plus vicieux est le fait que, pour 1 $ dépensé pour accéder au lac, les touristes en dépensent en moyenne 15 ou 20 pour l'hôtel, la nourriture et les transports locaux aux environs du lac. Or ces activités sont gérées par des khmers ou des étrangers, mais pas par les communautés. Ce qui contribue, finalement, à augmenter encore la différence entre les deux parties…

Cela participe au plus grave problème de la région : le rachat des terres communautaires. Ce qui a été évité pour le lac grâce à une mobilisation importante se passe petit à petit pour les terres, sans bruit mais inexorablement. D'année en année les terres communautaires diminuent, rachetées plus ou moins illégalement par des promoteurs, des étrangers ou des locaux grâce aux revenus du tourisme. Parce qu'ils sont ruinés, sous la pression des acheteurs qui sortent un grosse liasse de billets, ou encore parce qu'une moto est bien plus attirante qu'un champ, les paysans signent des contrats, parfois sans pouvoir en lire le contenu. Et le lendemain des bulldozers arrivent et des barrières sont posées. C'est une réalité quotidienne dans la région.

L'avenir est très incertain, et la gestion du lac, acquise officiellement par les communautés, est critiquée par les tour-opérateurs et les politiciens. Le ministère du tourisme semble regretter un projet plus lucratif…

Une bonne nouvelle cependant: Chaa Ong

Alors qu'à Yeak Laom le projet était déjà mis en place, une délégation, provenant d'un autre village à 20 km de là est venue visiter. Ils ont discuté, observé et sont retournés dans leur communauté, située sur le lieu d'une très belle cascade appréciée des touristes.

D'eux même et sans conseil extérieur ils ont installé un guichet, aménagé l'accès et le parking, ont trouvé des carnets à souche et font, depuis quelques années, payer l'entrée. Les difficultés rencontrées à Yeak Laom rendent cette initiative d'autant plus intéressante, et porteuse d'espoir : si les communautés prennent conscience de leurs opportunités et mettent en œuvre de tels projets par elles-mêmes, le développement rural a t-il trouvé un nouveau souffle?.

Y aller ?

Les deux sites sont situés à Ban Lung, la plus grosse ville du Ratanakiri. Une fois là-bas tout le monde connaît. Pour trouver un guide le plus simple est de demander sur place.

Si le projet vous intéresse, que vous souhaitez aider ou discuter plus en détail, deux personnes peuvent vous renseigner : Graeme Brown est canadien et travaille sur le lac depuis des années (mail graemb@camintel.com ) Touch Nimith est un cambodgien qui a participé au montage du projet à Yeak Laom, conseille et rencontre occasionnellement la communauté de Chaa Ong et travaille maintenant sur le projet de Virachey (mail touchnimith@yahoo.com )